dimanche 29 mai 2011

mercredi 25 mai 2011

Synchronicité
Carl Gustav JUNG raconte cette anecdote:
"Je citerai, simplement à titre d'exemple, un cas que j'ai observé. Dans un moment décisif de son traitement, une patiente eut un rêve où elle recevait en cadeau un scarabée d'or. Tandis qu'elle me racontait son rêve, j'étais assis le dos tourné à la fenêtre fermée. Soudain, j'entendis derrière moi un bruit, comme si quelque chose frappait légèrement à la fenêtre. Me retournant, je vis qu'un insecte volant à l'extérieur heurtait la vitre. J'ouvris la fenêtre et attrapai l'insecte en vol. Il offrait avec un scarabée d'or l'analogie la plus proche qu'il soit possible de trouver sous nos latitudes : c'était un scarabéidé de la famille des lamellicornes, hôte ordinaire des rosiers : une cétoine dorée, qui s'était apparemment sentie poussée, à l'encontre de ses habitudes normales, à pénétrer juste à cet instant dans une pièce obscure".



dimanche 15 mai 2011



Le sens caché dans la mythologie




Quand on est psychanalyste ou psychothérapeute notre oreille ou nos sensations s’aiguisent progressivement au langage du patient. Chaque personne à son langage propre et il n’est pas toujours aisé de suivre la pensée ou les mouvements associatifs de l’autre surtout quand le langage s’articule autour de codes différents des nôtres.  La parole n’est pas la seule à communiquer. Le corps raconte aussi une histoire ou l’image, les sensations accrochent les fils associatifs et la mise en mot. Le sens n’advient que dans l’après coup. Le corps, les sensations  sont les vecteurs d’une mémoire,  d’un message caché, parfois cristallisé, et pas toujours accessible.
Les mises en actes, les passages à l’acte sont aussi  souvent les révélateurs de conflits non conscientisés et qui peuvent être l’œuvre de conflits pas seulement personnels mais aussi familiales ou intergénérationnel.

De ce fait, les mots paraissent souvent insuffisants pour dire ce que nous pensons, ce que nous ressentons. Nous pouvons en faire l’expérience quotidiennement lorsque les mots nous manquent, lorsque nous ne parvenons pas à nous faire bien comprendre.  Mais, lorsque les mots nous manquent, lorsque nous considérons que le langage n’est pas un bon outil, fidèle à ce que nous pensons, n’est-ce pas plutôt parce que nous ne pensons pas précisément ce que nous voulons dire ?

Si dans une relation, chacun est persuadé d'avoir raison... et si chacun de nous utilise ses propres filtres sur la réalité, mettant en place également des mécanismes de défense et un mécanisme de censure qui nous empêchent d'avancer, comment poursuivre le chemin, et comment aider l'autre à y voir plus clair?
Il y a peut être une réponse ailleurs. Par exemple, la métaphore (largement utilisé en thérapie psychanalytique ou lors de séance d’hypnose)  ou les sens cachés dans l’art, la poésie,  la mythologie , les contes ouvre un large éventail interprétatif et  offre des clés de compréhension. Le mythe serait  une métaphore de la vie des être humains (métaphore du grec  metaphorá, au sens propre, transport), est une figure de style fondée sur l'analogie et/ou la substitution. C'est un type particulier d'image sans outil de comparaison qui associe un terme à un autre appartenant à un champ lexical différent afin de traduire une pensée plus riche et plus complexe que celle qu'exprime un vocabulaire descriptif concret) et  qui incite  l’interprétation. 

Pour Paul Ricoeur,  la science de l’interprétation n’est autre que « le travail de pensée qui consiste à déchiffrer le sens caché dans le sens apparent, à déployer les niveaux de signification impliqués dans la signification littérale.»
Dans ce sens, une précompréhension anime toujours l’interprétation.
L’interprétant vient à l’élucidation de son mystère à partir d’une présupposition de sens donné.



Pour Roland  Barthes in Mythologies, publié en 1957 (Ed. du Seuil),
“Le mythe est une parole”, mais pas n’importe laquelle. C’est un système de communication, c’est un message lié à une certaine société dans un moment bien précis de son histoire.

Les mythes ont été successivement interprétés comme des allégories de la Nature, des reflets d'évènements historiques ou du cycle  des saisons. On y a vu aussi l'expression symbolique de l'idéal chez l'homme primitif, des reflets des faits sociaux ou encore de la psyché soit individuelle  soit collective.
Qu'un mythe soit un peu tout cela à la fois, c'est possible, mais selon nous, l'essentiel est ailleurs. La définition de Mircea Eliade nous semble préférable :
« Le mythe, écrit-il, raconte une histoire sacrée ; il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primitif des commencements ». Mais si on approfondie l’essence du mythe et qu’on se réfère à des philosophes de l’antiquité,  l'empereur Julien l'Apostat (331-363), parlant de l'initiation et des mystères en général, écrivait :
« La nature aime à demeurer cachée et ne supporte pas que ce qui est caché de l'essence des dieux tombe, avec des paroles nues, dans des oreilles impures... Je pense que cela [l'occultation des secrets relatifs aux dieux] se produit souvent par l'intermédiaire des mythes lorsqu'ils sont versés avec la mise en scène qui leur est propre, dans les oreilles de la multitude qui ne peut pas recevoir les vérités divines dans leur parfaite pureté » . Et de préciser : « En effet, c'est l'élément absurde dans les mythes qui nous conduit à la vérité :
Plus l'énigme est extraordinaire et prodigieuse, plus elle semble nous signifier de ne pas nous en tenir au sens littéral, mais de rechercher au contraire assidûment ce qui est caché ».

La mythologie sans réduire la richesse de cette création, est  une narration de la naissance du monde, de l’apparition des dieux et des premiers hommes. Elle évoque la nature du paradis et des enfers et de ce que nous réserve la fin des temps.  Comme en poésie, la métaphore est la clé du mythe qui replie le monde sur lui-même jusqu’à ce que les points les plus distants se touchent et se confondent. Ces équivalences nous montrent qui nous sommes vraiment. Chaque mythe est comme ce cosmos en miniature, il représente un monde de significations. Pour illustrer ces propos, voici un mythe  qui symbolise bien d’une part la beauté des relations et de la vie mais également les méandres intérieurs de l’humain.

Orphée est considéré comme le premier poète du monde. Poète à la cithare qui charmait par ses paroles les hommes, les animaux, les plantes et même les pierres. Il charmait aussi bien sûr, les dieux! Sa femme, Eurydice, étant morte à la suite d’une morsure de serpent, Orphée descendit aux enfers pour convaincre les dieux de lui rendre son épouse bien aimée. A son arrivée il joua de la musique pour Hadès et Perséphone qui furent charmés de son éloquence.  Touchés, les dieux consentirent à la lui rendre. Mais ils exigèrent qu’Orphée n’adresse pas la parole à Eurydice, ni ne se retourne pour la regarder avant d’avoir atteint la surface de la terre. Orphée ne tint pas cette promesse et perdit Eurydice. 

    Orphée revit dans chaque poète et son histoire symbolise toute la poésie. Elle symbolise le pouvoir que donne la poésie sur la mort. La poésie et l’amour étant  seuls capables de vaincre la mort. Mais cette victoire est sans cesse menacée par l’impatience du désir. De plus, comme Orphée, le poète transgresse les interdits. Il descend au fond du langage, au fond de  lui-même, ose regarder dans l’abîme de son être, ou même parfois scruter l’invisible. Comme Orphée le poète essaie de vaincre la mort en l’affrontant avec ses paroles. Il essaie de la détruire ou d’au moins la rapetisser comme fait René Char :
Mort minuscule de l’été 
Détèle-toi mort éclairante 
À présent, je sais vivre
Comme Orphée, tous les poètes de tous les temps ont essayé de vaincre leur peur de la mort,- en la nommant. 



lundi 2 mai 2011

Pina Bauch



Pina Bauch



Le film de Wim Wenders est une merveille. Le cinéma en relief dans l'oeil de Wim Wenders ouvre des perspectives inédites. En adoptant cette technique, le réalisateur des Ailes du désir a inventé une façon brillante de donner corps à la danse au cinéma.

Pina bauch, balance nos cœurs au fil des mouvements des corps.  Plongé sur la scène, nous avançons aux pas des danseurs. La danse, dépouillée de tout artifice, dans la splendeur des gestes du corps qui articule les mots sourds. 
Les danseurs parlent, bouche